La Seconde Guerre mondiale a laissé des stigmates d’un point de vue humain mais également d’un point de vue architectural. Certaines régions de France ont été dévastées par les bombardements, et plusieurs villes ont été détruites, comme Caen anéantie à près de 70 %, Brest, Le Havre ou Royan …la liste est encore longue; d’autres villes ont quant à elles été sérieusement endommagées, c’est le cas de Rennes, Marseille ou Strasbourg. Au total, ce sont plus de 1.850 communes ravagées en Mai 1945. Après la Seconde Guerre mondiale, il a fallu panser les plaies de Français traumatisés par le conflit mais aussi reconstruire : 18% du capital immobilier est foudroyé et des milliers de Français sont à la rue.
Le plan Marshall lancé par les Américains, permet en partie à l’Etat de financer la reconstruction du pays. Les travaux sont confiés à de grands architectes, par Raoul Dautry, ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme. Ces architectes vont alors faire renaître de leurs cendres des villes devenues inhabitables.
Au Havre, Auguste Perret repense la ville et entame des travaux sur une surface de 150 hectares au centre-ville. Adepte du béton armé, l’architecte ne souhaite pas reconstituer la ville ancienne, mais bâtir une ville nouvelle, symbole de la France renaissante.
A Marseille, le Vieux Port est partiellement détruit, il n’y a plus suffisamment de logements dans la seconde ville de France. Le Corbusier se voit confier comme mission la construction d’une « Cité radieuse » pouvant accueillir 1.500 occupants. L’immeuble est innovant, les Marseillais déconcertés par l’aspect de l’édifice qui forme une barre sur pilotis, le surnomment affectueusement « la maison du fada ».
Le Corbusier propose alors un projet de reconstruction pour la ville de Royan, mais ses plans sont rejetés car ils ne présentaient pas un aspect suffisamment balnéaire. C’est l’architecte Claude Ferret qui prend en main les travaux de Royan et propose un style plus conventionnel mais axé vers l’avenir et mettant l’accent sur les infrastructures routières.
Les villes post-Seconde Guerre mondiale ont essuyé un certain nombre de critiques : trop modernes, peu esthétiques, ne s’harmonisant pas avec le paysage … Pourtant des années après leurs constructions, les récompenses tombent pour ces architectes : en 1964, la Cité radieuse de Le Corbusier devient un monument historique quant au centre-ville du Havre, il est classé depuis 2005 au patrimoine mondial par l’UNESCO.
Sabrina Belahouel